L'IA dans la guerre commerciale ⚔️, MCP 🛃 et un guide pour créer un site internet avec de l’IA 🤯
Saison 3, Tunnel 3
Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans ce nouveau tunnel, qui sera un tunnel un petit peu spécial…
Spécial car je vais commencer par vous présenter notre dernière création chez Jaydai (avant de vous tunneliser comme d’habitude, ne vous inquiétez pas).
Et franchement, ça fait des semaines que j’ai hâte de vous présenter notre nouveau produit parce que je pense qu’il est fait pour vous puisqu’il s’agit d’un outil pour vous aider à améliorer votre usage de l’IA (ce que vous cherchez probablement en lisant mes tunnels 😉)
L’outil en question est une extension Google Chrome 100% gratuite qui vous donne accès à un nouveau bouton dans chatGPT. Avec ce nouveau bouton, vous pourrez :
Accéder à des centaines de prompts professionnels (classés par cas d’usage) sur lesquels on passe des heures à itérer avec mon associé Jean-Baptiste.
Créer vos propres templates de prompts pour ne plus avoir à copier-coller depuis Notion ou alors à rechercher les prompts qui fonctionnaient dans vos anciennes conversations.
Analyser votre utilisation des outils d’IA génératives avec un dashboard de statistiques sur votre usage comme le nombre de conversations que vous avez, la répartition des modèles que vous utilisez ou encore une estimation de l’impact écologique de votre usage personnel de l’IA.
Je vous joins une petite vidéo d’explication pour que vous puissiez comprendre plus en détail ce dont il s’agit, et, si vous voulez en savoir plus :
👉 Notre landing page (créée en grande partie avec l’IA, ça sera le sujet de la chronique EntreprenarIA de ce tunnel)
👉 Le lien pour télécharger l’extension directement sur votre ordinateur
Voilà, maintenant passons aux choses sérieuses : le tunnel. Au programme cette semaine :
L’édito sur le rôle de l’IA dans la guerre commerciale… et vice-versa
L’actualité avec une mention spéciale pour mes amis de PhotoRoom
Le troisième numéro du deep-dive sur les agents avec le plus gros morceau : Le MCP (ou Model Context Protocol)
La chronique la plus importante de ce tunnel : EntreprenarIA ou je vous explique comment générer une landing page avec Manus AI
Accrochez vos ceintures, ça démarre!
Ce tunnel sera trop long pour votre boite mail, cliquez ici pour le lire directement dans votre navigateur
L’Edito
L’IA, un objet commercial comme les autres?
Du rôle de l’IA dans la guerre commerciale…
10, 34, 50, 104, 125… Non, il ne s’agit pas d’une suite cohérente de nombres liés entre eux par une simple formule mathématique, à la Fibonacci. Il s’agit des tarifs douaniers imposés par les Etats-Unis à la Chine, et vice versa, depuis le début de l’année.
Trump a-t-il été surpris de voir la Chine choisir la loi du talion pour répondre à ses tarifs douaniers? Peut-être qu’avec sa volonté de conquérir le Canada et le Groenland, sa envie de punir l’UE qui a été créée pour emmerder les Etats-Unis, son obsession contre la diversité, et j’en passe, il n’a simplement pas eu le temps de prendre un peu de recul…
Pourtant ça parait tellement simple et basique qu’Orelsan pourrait en faire un nouveau morceau : Tu imposes des barrières douanières et porte un coup sur mes exportations, je fais la même chose. 1 partout balle au centre.
Mais n’en déplaise aux simplistes, tout est nettement plus complexe que ça, et d’ailleurs l’Union Européenne, elle, n’a pas réagi de la même façon que la Chine.
Les raisons sont nombreuses : les mauvaises langues diront que l’UE n’est pas assez forte pour répondre, les mieux-disants que la stratégie de la négociation est la meilleure, mais moi j’avance une autre théorie : il nous serait presque impossible de répondre aux américains à la manière des chinois.
Car quand les Etats-Unis taxent les voitures allemandes et le vin français pour pouvoir avoir une réponse aussi forte, il faudrait taper sur la grande spécialité des Etats-Unis : les services numériques, et l’IA en tête.
Au-delà du fait que c’est quand même plus simple de taxer une bouteille de vin qu’un like sur instagram, priver notre marché des algorithmes d’IA les plus puissants serait sûrement plus délétère pour notre économie que de se priver du bourbon du Kentucky…
Taxer les services numériques, c’est difficile, mais c’est possible
Une bouteille de bourbon, c’est une chose que l’on peut facilement comprendre et appréhender (enfin, tant qu’elle est pleine…) : pour obtenir une bouteille, on doit passer par une transaction, et à ce moment-là on paye le vendeur de la bouteille, mais on doit aussi payer le pays de ce vendeur pour qu’il autorise la transaction.
Pour de l’IA, c’est beaucoup plus compliqué :
Déjà, comment on fait pour taxer la version gratuite de chatGPT ? Jusqu’à preuve du contraire, 125% de 0, ça fait toujours 0.
Ensuite, la majorité de la valeur ajoutée d’une IA, c’est son entrainement, mais ce qui est facturé, c’est l’inférence (c’est-à-dire qu’on ne paye pas pour tout le travail qui a consisté à créer chatGPT, mais on paye un prix dès qu’on l’utilise). Du coup, il faut taxer l’inférence ou l’entrainement? Et puis si on taxait l’entrainement, comment pourrait-on évaluer la part d’entrainement de chatGPT qui est destinée à l’Union Européenne vs. le reste du monde ? Il n’y a évidemment pas un entrainement de chatGPT par marché mais un seul et unique entrainement global et opaque.
Et enfin, un outil existant qui s’appelle le VPN complexifie tout le schmilblick. Le VPN, c’est un programme informatique que vous pouvez télécharger pour changer votre adresse IP et vous faire passer pour un utilisateur d’un autre pays. C’est comme ça que vous pouvez accéder aux films et séries disponibles aux Etats-Unis ou n’importe où dans le monde depuis votre canapé à Melun. Je vous recommande d’ailleurs cette super vidéo de Cedric O, ancien secrétaire d’État chargé de la transition numérique et des communications, qui expliquait en 2020 le concept du VPN au Sénat.
Ceci étant dit, il est quand même possible de taxer chatGPT, et d’ailleurs aujourd’hui si vous payez chatGPT Plus vous êtes déjà assujettis à la TVA à hauteur de 20%.
Si on passait à 125% de taxe, votre abonnement mensuel vous reviendrait à 51$. Et forcément vous seriez moins nombreux à le payer…
Mais à quel prix ?
Moins nombreux à le payer et donc moins nombreux à profiter des gains de productivité induits (si tant est que vous n’utilisez pas chatGPT que pour lui faire dire que 0 + 0 = la tête à toto 😉).
Et au même titre, beaucoup moins d’entreprises seraient partantes pour payer chatGPT à leurs employés.
Songez un peu à la façon dont, en à peu près trois ans, chatGPT a déjà bouleversé la manière de travailler. Ça serait quand même ballot de couper notre marché de cette avancée technologique.
Je vois déjà un contre-argument venir : on pourrait tous utiliser Mistral. Oui, mais…
Aujourd’hui, Mistral reste moins performant que les autres sur de nombreuses tâches (à commencer par le code), et à moins qu’un jour Mistral devienne la meilleure IA pour tout, on aurait plus accès aux meilleures intelligences par domaine.
Si demain tout le marché européen était “réservé” de fait à Mistral, quel serait leur incitation pour innover (puisque de toutes façons dans ce monde là, ils ne pourraient plus s’exporter aux US). Car la réalité, c’est qu’aujourd’hui il n’y a aucun concurrent européen à Mistral.
Voir des concurrents européens à Mistral émerger serait possible, mais comment entrainer et faire tourner ces nouveaux modèles sans les serveurs américains (qui serait aussi sujet à une protection douanière).
Donc oui, il est possible de taxer l’IA, mais pour reprendre cette expression qu’on entend partout à propos de la guerre commerciale : Ça serait vraiment se tirer une balle dans le pied.
Et cela rendrait tous nos défis actuels (comme le défi militaire dont je parlais dans mon dernier tunnel) bien plus difficiles à relever .
La solution magique
Alors, ça me fait mal de l’écrire au vu de l’admiration relative que j’ai pour Donald Trump, mais sur ce coup il a été très malin : on ne peut pas répondre œil pour œil, dent pour dent car on n’est pas armé pour en Europe.
Mais pourquoi les chinois répliquent ? Bon déjà, aujourd’hui ChatGPT & co ne font pas partie des produits touchés par la guerre commerciale (au même titre que les iPhones produits en Chine). Mais l’IA et le numérique en général font déjà partie de l’arsenal stratégique brandi des deux côtés.
Ensuite, les chinois sont mieux armés que nous. Sur le numérique avec les BATX (les GAFAM chinois) et sur l’IA (DeepSeek, Manus, Qwen…). Et pour les dirigeants chinois, je pense qu’ils préfèreraient largement voir tout leur marché intérieur utiliser DeepSeek (qui ne connait ni Taiwan, ni la place Tian'anmen) que chatGPT.
Comment on fait nous? Je vais apporter une réponse pas très académique, mais notre seule solution est simple : se sortir les doigts du c**.
Valorisons notre marché intérieur sur les biens et les produits pour lesquels il est plus facile de rentrer dans des logiques de taxes. Cela prendra un peu de temps et l’UE a les ressources pour soutenir les producteurs durant cette transition. Mais nous devons être capables d’être les prem’s chez nous (avec le défi du déferlement de produits chinois, ça ne sera pas une mince affaire, mais on a des atouts : Deutsche Qualität est un slogan plus vendeur que Made in China.
Investissons dans ce qu’il y a de plus important : des serveurs et des data centers en Europe. Aujourd’hui la majorité de ces serveurs, même sur le sol européen sont détenus par Amazon ou Google.
Défendons nos valeurs corps et âme, avec en prime notre regard sur la liberté d’expression. Personnellement, dans un monde dystopique, je préfèrerais toujours payer deux fois plus cher pour utiliser une IA qui n’est pas gérée par Xi Jinping, ni par Elon Musk…
En économie, comme dans tous les autres domaines : détachons-nous des géants américains et chinois, on a de vrais atouts à faire valoir !
Les actualités qu’il ne fallait pas manquer
📸 La génération d’images de chatGPT disponible via API. C’est une nouvelle à mon avis extrêmement importante, car depuis quelques semaines la génération d’image d’OpenAI est devenue absolument impressionnante et l’accès API implique forcément que les cas d’usage vont se multiplier. À commencer par le cas d’usage développé par mes amis et anciens collègues de PhotoRoom qui sont carrément mis en avant sur le site d’OpenAI lui-même, rien que ça…
🔬L’entreprise GoodFire lève 50 millions d’euros pour rendre l’IA explicable. Ils développent Ember, une plateforme d’interprétabilité capable de « décoder les neurones » d’un modèle d’IA, donnant ainsi un accès direct à ses mécanismes internes. Leur objectif : rendre les modèles d’IA compréhensibles, modifiables et fiables, à l’inverse des « boîtes noires » actuelles. On est en plein dans le domaine de l’explicabilité des algorithmes dont je parlais dans l’un de mes tout premiers tunnels
🤗 HuggingFace achète une boite française qui crée des robots humanoïdes : Pollen Robotics. Leur objectif est d’avoir des robots fonctionnant sur des algorithmes Open Source, ce qui, on le comprend assez facilement, serait nettement plus safe que des robots utilisant des modèles cachés (qui pourraient faire n’importe quoi…)
Le deep-dive du moment : les agents
Le MCP, la nouvelle norme
Connaissez-vous Tim Berners-Lee? Ce monsieur, on peut considérer que c’est le père d’internet car c’est lui qui est à l’origine du World Wide Web au début des années 1990 (d’internet quoi).
Le world wide web, c’est un réseau (ou une toile) qui relie des machines entre elles. Plus exactement, lorsque vous allez sur un site internet depuis votre navigateur, ce dernier va sur le World Wide Web, demande à un serveur quelque part dans le monde de lui envoyer des fichiers (de code entre autres) et affiche ce qu’il doit afficher à l’écran. Et pour pouvoir “demander” ces fichiers de façon sécurisée votre navigateur doit utiliser un protocole qu’on appelle le protocole http (même s’il y en a d’autres).
Sans protocole, toute la donnée d’internet serait publique et pour que votre banque puisse avoir une application, il faudrait que vos données bancaires soient accessibles publiquement par tous. Mauvaise idée…
Mais quel rapport avec les agents IA me direz vous? Et bien de même qu’un navigateur qui demande des fichiers à des serveurs doit utiliser un protocole pour que cela puisse se faire de façon sécurisée, un agent aura aussi besoin d’un protocole pour pouvoir récupérer de la donnée sur internet.
Pourquoi les agents n’utilisent pas le protocole HTTP? Parce que le protocole HTTP est fait pour des navigateurs, on ne peut pas le transposer.
Il fallait donc qu’on invente un protocole pour que les agents puissent échanger de la donnée. Et ce protocole, c’est le MCP.
Comment ça fonctionne le HTTP
Imaginez que vous êtes un espion devant une porte verrouillée. Vous frappez, une petite trappe s’ouvre, et une voix demande : « Mot de passe ? ». Vous donnez le mot de passe, la porte s’ouvre, et vous accédez à l’intérieur.
C’est exactement ce que fait le protocole HTTP (HyperText Transfer Protocol) sur Internet.
Lorsqu’un navigateur web souhaite accéder à une page, il envoie une requête HTTP au serveur concerné. Cette requête contient des informations comme l’adresse de la page demandée, le type de contenu accepté, et des données d’authentification si nécessaire. Le serveur, après avoir vérifié ces informations, répond en envoyant le contenu demandé.
Ce mécanisme garantit que seules les requêtes valides et autorisées obtiennent une réponse, assurant ainsi la sécurité et l’intégrité des échanges sur le web.
Cependant, ce protocole est principalement conçu pour des interactions simples : un client (le navigateur) demande une ressource, et le serveur la fournit.
Et le MCP
Les agents IA, quant à eux, ont des besoins plus complexes. Ils doivent non seulement accéder à des données, mais aussi interagir avec divers outils, exécuter des fonctions, et collaborer avec d’autres agents. Ces interactions nécessitent des échanges bidirectionnels, des mises à jour en temps réel, et une compréhension contextuelle approfondie.
Le protocole HTTP, dans sa forme standard, ne prend pas en charge ces fonctionnalités avancées. Il est donc nécessaire de développer des protocoles spécifiques pour répondre aux besoins des agents IA.
Intervient alors le Model Context Protocol (MCP), développé par Anthropic.
Pensez au MCP comme à une prise USB pour les applications d'IA. Tout comme l'USB offre une méthode standardisée pour connecter vos appareils à divers périphériques et accessoires, le MCP fournit une méthode standardisée pour connecter les modèles d'IA à différentes sources de données et outils.
Comment ça marche ?
Le MCP repose sur une architecture client-serveur :
Client MCP : l’agent IA qui souhaite accéder à des données ou des outils.
Serveur MCP : le système qui fournit l’accès aux ressources demandées.
Lorsqu’un agent a besoin d’une information ou d’exécuter une action, il envoie une requête au serveur MCP. Ce dernier vérifie les autorisations, traite la demande, et renvoie la réponse appropriée.
Ce modèle permet une intégration flexible et sécurisée des agents IA avec divers systèmes et outils.
Quelques exemples de serveurs MCP
De nombreux serveurs MCP simplifient déjà l’interaction agent-outils. Par exemple :
Le MCP de Slack qui va permettre aux agents, à la fois de lire, mais aussi d’écrire des messages Slack
Le MCP de Stripe qui peut permettre à un agent d’initier des remboursements, créer des fiches clients, etc.
Le MCP de Linear qui va permettre à un agent d’ajouter des tâches et de les assigner à quelqu’un dans la boite.
Enfin, plus rigolo, le MCP de Spotify qui pourrait permettre un jour d’avoir un agent DJ (David GuettIA ? ).
EntrepreneurIA
Comment créer une landing page avec un agent IA
Je vous en parlais en introduction, on vient de pivoter avec Jaydai. Et qui dit pivot dit nouvelle landing page.
Jusqu’ici, on faisait nos landing pages avec des outils no-code comme Webflow par exemple. L’avantage c’était qu’en très peu de temps (une semaine environ à chaque fois) on avait un site internet fonctionnel et complet avec quelques optimisations SEO (possibilité de choisir des titres et des mots clés à notre guise).
Même si les différents sites qu’on a faits étaient pas mal, on voyait tout de suite que ce n’était pas des sites qui avaient été faits par des experts en design. Et surtout au fur et à mesure qu’on avançait, la moindre petite modification pouvait prendre des heures.
C’était très frustrant pour moi qui sais coder de passer par un outil de no-code. Mais franchement pour faire quelque chose de qualitatif en le codant intégralement, le jeu n’en valait pas la chandelle (il aurait fallu plusieurs semaines voire des mois).
Mais ça c’était avant. Avant l’arrivée de l’IA générative? Plutôt avant l’arrivée de l’IA agentique parce que je vais vous le dire tout de suite : cette landing page n’a pas été générée par chatGPT…
Non, j’ai utilisé Manus AI dont je vous parlais dans mon dernier tunnel. Manus, c’est un agent IA qui a son propre Operating System, donc qui peut réfléchir, coder et surtout vérifier que son code fonctionne bien.
Le résultat est vraiment impressionnant et vous pouvez le reproduire chez vous.
Je vous ai préparé un rapport complet sur les différentes étapes et les différents prompts qui m’ont permis de créer cette landing. 👇
Allez faire un tour pour voir ce qu’il y a “sous le capot”.
Ah, et oui, la partie blog de ma landing a aussi été générée avec l’IA (et on compte bien publier de nombreux articles avec des exemples de prompts ou des conseils pour tirer le maximum de l’IA. Stay tuned 👀
Et voilà, merci infiniment d’avoir lu ce nouveau tunnel. Si vous avez aimé, n’hésitez pas à vous abonner, à partager cet article ou à m’écrire directement sur Linkedin.
A très vite 😘